Dindes de chair dans un élevage

Comment réduire les brûlures du bréchet en dinde de chair ?

Dinde de chair

Articles

26 mars 2024

Candice Bertrand

Dans les années 90, il fallait 200 jours d'élevage pour qu’une dinde atteigne un poids musculaire de 11 kg avec un indice de consommation (IC) de 4 (soit 4 kg d’aliment pour 1kg de muscle). Avec l’évolution des modes de productions et de la génétique, ce même poids est aujourd’hui atteint en 91 jours avec un IC inférieur à 2.

La constante évolution des souches vers une croissance plus rapide impose une évolution des techniques d’élevage. La mobilité des volailles et la prévention des pathologies telles que les brûlures du bréchet sont liées à l’inactivité dans la litière. Elle devient un enjeu prioritaire pour les éleveurs non seulement pour la santé animale mais également pour la rentabilité du lot. Nous revenons ici sur les bonnes pratiques mais également sur les solutions complémentaires pour prévenir les brûlures du bréchet.

 

Sommaire

Brûlures du bréchet : un enjeu de santé animale et de performance pour votre élevage

Les trois facteurs de prévention des pathologies du bréchet en dinde

 

Brûlures du bréchet un enjeu de santé animale et de performance pour votre élevage

La qualité de la litière est un enjeu majeur de santé animale et de performance de votre élevage. Pododermatites, brûlures du bréchet sont quelques exemples de maladies directement liées à la qualité de la litière. Pour éviter ces pathologies, une litière sèche, souple et propre est essentielle.

Brûlures du bréchet ou ampoules, bien identifier les différences

Ampoules et brûlure du bréchet sont deux types d'inflammations causées principalement par un contact prolongé des dindes avec un irritant. Le plus souvent présent dans la litière, les principales sources d’irritations observées sont par exemple, l'ammoniac, l'humidité, les matières fécales ou la boue principalement présents dans la litière. Ces deux types d’irritations sont localisées sur la poitrine de l’animal (bréchet) mais présentent des caractéristiques différentes.

Les brûlures du bréchet ou bouton

Les boutons présentent une croûte dure localisée à la surface et un noyau de peau morte. Il s’agit d’un mécanisme de défense immunitaire dû à de la matière ou un corps étranger sous la peau de la dinde qui produit un tissu de protection autour.

Les ampoules

Une ampoule, en revanche, est une inflammation sous la peau dans une petite poche, connue sous le nom de bourse, située au centre du bréchet. Cette poche a tendance à se remplir de liquide et de divers types de débris inflammatoires et est même un site de développement préféré pour les bactéries. Les ampoules chez les dindes sont assez courantes et les dindes lourdes sont plus enclines à les développer.

Au-delà de la qualité de la litière, ces brûlures du bréchet peuvent être un indicateur d’autres problèmes de santé chez la dinde. Le plus souvent, c’est un indicateur d’un manque de mouvement de l’animal qui passe beaucoup de temps allongé dans la litière. Il est alors conseillé d’examiner s’il n’a pas de problème au niveau du pied, des articulations ou des os des pattes.

Un risque de déclassement à l’abattoir, un enjeu économique important pour votre élevage

Ces enjeux de santé animale, au-delà des considérations sociétales légitimes, ont un impact sur la productivité de l’élevage. Ampoules et brûlures du bréchet chez la dinde peuvent entraîner un déclassement de la carcasse à l’abattage et impacter la rentabilité de votre élevage.

Les ampoules et les abcès laissent des marques profondes sur les carcasses.

 

Les trois facteurs de prévention des pathologies du bréchet en dinde

La stratégie de prévention de ces pathologies repose sur trois facteurs : une bonne gestion de la ventilation du bâtiment, le maintien d’une litière souple, sèche et propre et la stimulation des dindes.

Assécher la litière grâce à une bonne ventilation

La phase critique de prévention de ces pathologies se situe entre 6 et 12 semaines. Durant cette période, les pertes en eau des dindes sont supérieures à la chaleur produite. La litière devient, du fait de ces pertes, de plus en plus humide. L'entretien de la litière devient clé et passe principalement par trois éléments : une ventilation efficace, un brassage et un repaillage régulier.

Après 13 semaines, les volailles deviennent exothermes et contrôlent la température de leurs corps grâce à des moyens externes (se mettre au soleil, par exemple) et la litière devient plus sèche.

Cette solution ne peut pas être la seule mesure car une litière trop sèche peut générer d’autres problématiques. Il est donc important d’y associer d’autres mesures préventives

Brassage et rajout pour plus de souplesse de la litière

Au-delà de la ventilation, l’entretien de la litière est un facteur important pour la réussite d’un lot de dinde. Il existe différents types de litière :

  • La paille et ses dérivés : menue-paille, granulés de paille
  • Les dérivés de bois : copeaux et sciure de bois
  • Les rafles et les cosses : rafle de maïs, cosse de riz
  • Mais également les alternatives tels que le miscanthus par exemple

Chaque litière a des capacités d’absorption différentes mais le choix est souvent lié à une réalité économique et à une proximité des approvisionnements.

En maintenant une litière souple et non abrasive l’éleveur va limiter les problématiques de pododermatites qui entraînent des boiteries. Une dinde plus régulièrement allongée dans la litière peut être l’indication d’un problème d’articulation.

Le brassage de la litière à l’aide d’outils manuels ou motorisés de type motoculteur est une pratique très répandue, bien que débattue. Elle permet d’aérer la litière et briser les croûtes sources d’inconfort pour les volailles. Elle peut également faire remonter les bactéries parfois présentes en fond de litière. C’est pourquoi il est nécessaire d’amener une couche de litière complémentaire.

Favoriser le déplacement des dindes

En somme, l'entretien de la litière est un facteur clé de succès pour maximiser la mobilité des volailles. En réduisant le temps passé dans une litière qui finira inévitablement par se dégrader en fin de lot, vous limitez les brûlures du bréchet.
Il est nécessaire de favoriser cette mobilité en stimulant les volailles.

Traditionnellement, nombreux sont les éleveurs qui circulent dans le bâtiment pour lever les dindes et les inciter à se lever. Cette activité est très chronophage et ne constitue qu’une solution ponctuelle. La mise en place de petits éléments d’enrichissement du milieu tels que des ficelles, des ballons ou des bouts de tissus sont des éléments à privilégier pour favoriser le comportement naturel des volailles.

Solution alternative et plus autonome, l’introduction d’un robot avicole apparaît comme une solution pour générer de l’animation et améliorer le comportement des volailles. En se déplaçant aléatoirement dans le bâtiment, le robot favorise les déplacements et le brassage des dindes. Contrairement aux idées reçues sur le robot avicole, cet équipement contribue à diminuer le stress et l’agressivité, et a été conçu pour ne pas blesser les dindes. Cette solution automatisée, en plus de contribuer à la santé et au bien-être animal, aide l’éleveur à réduire le temps consacré à circuler dans le bâtiment.

 

Photo de

Candice Bertrand

Agricultural Engineer

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