Dindes dans un élevage avicole

Dindes de reproduction : comment gérer les couveuses ?

Dinde reproductice

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29 mai 2023

Candice Bertrand

Avec la généralisation de l’incubation artificielle, la couvaison des œufs par les dindes est devenue inutile. Comme il engendre l’arrêt de la ponte, ce comportement est même redouté, au regard des pertes économiques qu’il génère. Existe-t-il des solutions pour empêcher la couvaison en élevage de dindes de reproduction ? Lesquelles ? Voici quelques clés pour mieux comprendre les facteurs déclenchants et tester de nouvelles solutions.

 

Sommaire

Les dindes couveuses, un phénomène naturel mais détectable

Les solutions pour prévenir les couveuses en dindes de reproduction

 

Les dindes couveuses, un phénomène naturel mais détectable

La couvaison ou incubation constitue une phase essentielle dans le cycle de reproduction de tous les oiseaux. Le phénomène est cependant particulièrement marqué chez la dinde.

La couvaison est une affaire d’hormones

La couvaison correspond à une véritable pulsion chez la dinde, qui entraîne une modification hormonale. Concrètement, une dinde qui est en contact visuellement et/ou physiquement avec ses œufs se met à produire une hormone appelée « prolactine ». Cette production conduit à la chute des plumes au niveau de l’abdomen, de façon à ce que la plaque incubatrice soit découverte et prête à diffuser de la chaleur sur les œufs lors de la couvaison. La dinde s’assoit alors naturellement sur ses œufs jusqu’à éclosion, comme elle le ferait en liberté.

Si la couvaison concerne toutes les volailles, le phénomène est cependant plus ou moins compliqué à gérer selon les espèces. Alors qu’il a été quasiment éliminé de toutes les lignées commerciales pour la poule, on le trouve encore fréquemment chez la dinde. Dans une étude de 2002, l’INRA estimait ainsi que la proportion de dindes couveuses pouvait varier entre 10 à 70% selon les lignées, sans certitude sur la possibilité de faire de la sélection sur ce caractère. Face à ce constat, les éleveurs de dindes doivent donc savoir détecter les signes avant-coureurs.

Les signes pour repérer les dindes couveuses

Dans la nature, une dinde commence à couver après avoir pondu une vingtaine d’œufs. En élevage, la couvaison risque donc de se déclencher à l’issue de trois ou quatre semaines de ponte, après le pic de production. Une fois le phénomène enclenché, la dinde boit et mange moins, perd du poids et subit une transformation physique :

  • la zone sous l’abdomen se modifie (perte des plumes notamment) ;
  • le cloaque se resserre ;
  • l’écart entre les os pelviens diminue.

Ces signes sont à surveiller à partir de la deuxième semaine mais la manipulation et l’examen visuel des dindes ne sont pas toujours probants : les transformations physiques sont difficiles à repérer ! Pour cette raison, mieux vaut miser sur l’observation du comportement des animaux. Lorsqu’une dinde s’apprête à couver, elle manifeste en effet un certain nombre de comportements typiques.

  • Elle va de plus en plus souvent et de plus en plus longtemps au nid, d’abord la nuit, puis la journée (ce comportement peut être détecté en marquant les dindes au spray, pour identifier facilement celles qui restent au nid).
  • Elle défend ses œufs en adoptant un comportement agressif : elle siffle, dresse ses plumes, attaque avec le bec quand on s’approche du nid.
    Si on la dérange, elle adopte une démarche lente et raide.

 

Les solutions pour prévenir les couveuses en dindes de reproduction

Une fois enclenchée, la couvaison s’avère difficilement contrôlable et les pertes financières quasiment inévitables. Si le phénomène est complexe à appréhender en raison d’une multitude de facteurs, il existe toutefois des pistes intéressantes pour réduire le nombre de dindes couveuses.

Les conditions d’élevage des dindes de reproduction

Les études démontrent que les conditions d’élevage jouent sur la couvaison, avec un risque plus élevé d’avoir des couveuses dans les élevages collectifs au sol. C’est pour cela qu’elles préconisent de suivre les cinq recommandations suivantes.

1. Limiter la densité des femelles

Il convient de privilégier l’élevage en cages individuelles ou en petits parquets, avec une densité limitée à environ 2m²/dinde.

2. Isoler les dindes couveuses

Repérer les dindes couveuses ne suffit pas, il faut aussi les isoler pour éviter une « contamination » des autres femelles. En général, le placement des couveuses durant trois ou quatre jours en parquet de découvaison suffit à enrayer le phénomène, à condition d’avoir un environnement qui rend la nidification inconfortable. Pour cela, il faut par exemple prévoir un sol recouvert de grillage et de sable, et dans tous les cas une litière différente.

3. Veiller à l’homogénéité pondérale du troupeau

 

4. Empêcher au maximum les dindes d’aller au nid

En pratique, cela signifie qu’il faut fermer les nids hors période de ponte, mais aussi faire sortir les dindes des nids à chaque passage effectué pour le ramassage des œufs. Cela peut être fait en équipant le bâtiment d’élevage de nids automatiques.

5. Organiser une rotation des parquets

Il s’agit de transférer les dindes d’un parquet à un autre, cette technique générant de meilleurs résultats en bâtiments clairs. Il s’agit d’une solution à adopter en dernier recours, car elle génère une baisse de la production.

L’adaptation du bâtiment en élevage de dindes repro

Savez-vous que la façon dont est géré le bâtiment d’élevage impacte directement le comportement des dindes ?Une température élevée encourage la couvaison, ce comportement étant bien plus fréquent durant les épisodes de canicule. La couvaison est également plus importante quand l’air n’est pas renouvelé. Pour éviter ces facteurs qui favorisent l’incubation, l’idéal est de régler la température du bâtiment au minimum et de veiller à ce que la ventilation soit suffisante (au moins 3 à 5 m3/h/kg PV).

Par ailleurs, les dindes aiment couver dans la pénombre, en s’abritant dans des endroits peu éclairés (derrière une barrière, sous une mangeoire…). Il faut donc limiter au maximum l’existence de recoins obscurs. Cela passe par la suppression de certains matériels (barrières, bottes de litières), mais aussi par l’adoption d’un éclairage uniforme et suffisant, d’au moins 50 lux.

Pour finir, ne négligez pas les équipements ! Le bâtiment doit comporter suffisamment de nids, sachant qu’il est habituellement recommandé de prévoir un nid pour cinq dindes. Les équipements doivent également être répartis, de façon à encourager les dindes à se déplacer.

Le robot avicole, une aide supplémentaire pour limiter la couvaison

En dindes repro, la ponte au sol constitue un vrai problème : non seulement les pondeuses au sol sont plus difficiles à traiter, mais la vue des œufs incite aussi les autres femelles à la couvaison ! Face à ce cercle vicieux, le robot avicole apparaît comme un assistant précieux au quotidien. En se déplaçant de façon aléatoire dans le bâtiment, il fait bouger les dindes, pour éviter qu’elles ne restent trop longtemps dans un coin et commencent à couver. C’est aussi une excellente solution pour réduire la ponte au sol sans avoir à y passer la matinée.

Fabien Le Bihan, éleveur de dindes repro a par exemple obtenu les résultats suivants dans son poulailler de 4850 femelles :

« J’ai installé progressivement le Spoutnic dans le parc de femelles où la ponte au sol était la plus élevée ; elle est rapidement redescendue à 17% tout en maîtrisant les couveuses. C’est un phénomène usant physiquement et moralement ; sans le robot ça aurait été très compliqué »

Article paru dans Paysan Breton, n°3402 du 26 mars au 1er avril 2021.

Bien loin des idées reçues sur le robot avicole, il a par ailleurs un impact positif en matière de bien-être animal. Fabien Le Bihan a ainsi constaté qu’en utilisant le robot avicole, ses dindes étaient moins stressées lors de l’insémination artificielle.

Si la couvaison reste un phénomène naturel compliqué à gérer, il existe bel et bien des solutions pour prévenir son apparition en dindes de reproduction, qu’il s’agisse d’adapter les conditions d’élevage ou le bâtiment. Parce qu’il favorise le déplacement des dindes, le robot se présente quant à lui comme une solution complémentaire intéressante. Vous souhaitez plus d’informations sur ce matériel ? Lisez notre article sur l’essentiel à savoir lors de la première utilisation du robot avicole.

 

 

Photo de

Candice Bertrand

Agricultural Engineer

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